Le côte obscur de la lumière: Petit manuel de survie par Oskar Freysinger
- Artikel-Nr.: 10588469
Beschreibung
Avant-propos
Cela fait exactement vingt ans que je foule le parquet glissant de la politique. Étais-je prédestiné à une telle carrière? Assurément pas. Si, à trente-sept ans, j'ai accepté de figurer pour la première fois sur une liste pour les élections communales, c'était suite à une expérience vécue dans le cadre de la campagne contre une réforme scolaire (éducation 2000) que le peuple refusa à 73%, alors que le Parlement l'avait plébiscitée à la quasi-unanimité. C'était l'une de ces réformes égalitaristes qui, ailleurs, ont provoqué un nivellement par le bas dévastateur en mettant l'élève au centre du néant et en transformant les maîtres en coaches fonctionnarisés. Tout cela était mâtiné d'une dépersonnalisation progressive de l'acte pédagogique dont on chercha à faire une science exacte afin de mieux harmoniser (comprendre: collectiviser) les programmes, les méthodes et les consciences. Ce qui sauva partiellement l'école de mon canton fut la réaction déterminée des citoyens et la résistance naturelle des enseignants. Quoiqu'on tentât par la suite d'introduire la réforme par rondelles de salami, ils surent continuer à transmettre, par-delà la sanctification du savoir-être et des seules compétences, une base de savoir essentielle, en particulier dans les branches fondamentales que sont les lettres et les mathématiques.
Ce jour-là, je me suis dit que la politique était une affaire bien trop sérieuse pour n'être confiée qu'à des hommes politiques. À cette époque, je pensais qu'il y avait deux catégories distinctes dans la société : les élus et les autres. Je me suis donc dit qu'en raison de l'impact que la politique avait sur ma vie et celle des miens et du fait qu'il ne servait à rien de critiquer sans jamais s'engager concrètement soi-même, il fallait que je franchisse le pas. Il y eut d'abord une expérience aussi brève que frustrante dans le cadre du PDC. Puis je fondai, avec quelques amis, la section cantonale d'un parti politique qui est devenu, depuis, l'un des plus importants du canton et qui est rattaché au premier parti de Suisse. Cet engagement ne fut qu'un petit pas pour la société, mais Dieu que la foulée fut lourde de conséquences pour moi.
Par la suite, en raison d'une succession d'accidents politiques plus aventureux et abracadabrants les uns que les autres, je gravis tous les échelons de la vie publique jusqu'à être élu au gouvernement cantonal et même me retrouver candidat au gouvernement fédéral. J'ai cherché à sortir du jeu à plusieurs reprises durant ce long cheminement, mais à chaque fois un évènement particulier, une circonstance étrange ou une agression violente me poussèrent à remettre le couvert. Je fis donc carrière en politique sans avoir le moindre plan pour cela, sans calculs, sans suivre un chemin tout tracé, sans étayer l'acquis.
Cela fait exactement vingt ans que je foule le parquet glissant de la politique. Étais-je prédestiné à une telle carrière? Assurément pas. Si, à trente-sept ans, j'ai accepté de figurer pour la première fois sur une liste pour les élections communales, c'était suite à une expérience vécue dans le cadre de la campagne contre une réforme scolaire (éducation 2000) que le peuple refusa à 73%, alors que le Parlement l'avait plébiscitée à la quasi-unanimité. C'était l'une de ces réformes égalitaristes qui, ailleurs, ont provoqué un nivellement par le bas dévastateur en mettant l'élève au centre du néant et en transformant les maîtres en coaches fonctionnarisés. Tout cela était mâtiné d'une dépersonnalisation progressive de l'acte pédagogique dont on chercha à faire une science exacte afin de mieux harmoniser (comprendre: collectiviser) les programmes, les méthodes et les consciences. Ce qui sauva partiellement l'école de mon canton fut la réaction déterminée des citoyens et la résistance naturelle des enseignants. Quoiqu'on tentât par la suite d'introduire la réforme par rondelles de salami, ils surent continuer à transmettre, par-delà la sanctification du savoir-être et des seules compétences, une base de savoir essentielle, en particulier dans les branches fondamentales que sont les lettres et les mathématiques.
Ce jour-là, je me suis dit que la politique était une affaire bien trop sérieuse pour n'être confiée qu'à des hommes politiques. À cette époque, je pensais qu'il y avait deux catégories distinctes dans la société : les élus et les autres. Je me suis donc dit qu'en raison de l'impact que la politique avait sur ma vie et celle des miens et du fait qu'il ne servait à rien de critiquer sans jamais s'engager concrètement soi-même, il fallait que je franchisse le pas. Il y eut d'abord une expérience aussi brève que frustrante dans le cadre du PDC. Puis je fondai, avec quelques amis, la section cantonale d'un parti politique qui est devenu, depuis, l'un des plus importants du canton et qui est rattaché au premier parti de Suisse. Cet engagement ne fut qu'un petit pas pour la société, mais Dieu que la foulée fut lourde de conséquences pour moi.
Par la suite, en raison d'une succession d'accidents politiques plus aventureux et abracadabrants les uns que les autres, je gravis tous les échelons de la vie publique jusqu'à être élu au gouvernement cantonal et même me retrouver candidat au gouvernement fédéral. J'ai cherché à sortir du jeu à plusieurs reprises durant ce long cheminement, mais à chaque fois un évènement particulier, une circonstance étrange ou une agression violente me poussèrent à remettre le couvert. Je fis donc carrière en politique sans avoir le moindre plan pour cela, sans calculs, sans suivre un chemin tout tracé, sans étayer l'acquis.
Eigenschaften
Breite: | 150 |
Höhe: | 210 |
Seiten: | 340 |
Sprachen: | Französisch |
Autor: | Oskar Freysinger, rinkhaus Verlag |
Bewertung
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